Se former, s'informer, s'entourer...

Réinventons-nous

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2017,0592:01 - 10/11/2017

Le kinésithérapeute deviendra-il plus efficace grâce à l’intervention des systèmes experts, véritables « exo-cerveaux » qui interrogent les patients et interprètent leurs données en s’invitant de fait dans la thérapeutique ? Faut-il avoir peur de l’intelligence des machines qui interprèteront le nuage de données, le « Cloud », issu de tous les patients ? La méfiance est là ; ce qui est certain, c’est qu’une toute nouvelle kinésithérapie va se réinventer.

L’interrelation évolue. Le colloque singulier (médecine 1.0), véritable échange en face à face entre le soignant et le soigné, reste le standard de nos pratiques. Une certaine communauté s’est invitée progressivement (médecine 2.0) : les autres patients, les autres professionnels de santé, les tutelles, en utilisant les moyens numériques il y a une trentaine d’années. Patients et praticiens connectés bénéficient maintenant de l’intelligence de systèmes experts (médecine 3.0) qui entraînent une progression des connaissances ; les retombées bénéfiques ont vocation à améliorer les traitements.

Les savoir-faire du praticien peuvent encore s’exprimer puisqu’il est physiquement présent. Le kinésithérapeute ou le médecin seront-t-ils dépassés par la médecine 4.0, qui donne la capacité aux machines de se « comprendre » et de dialoguer entre elles ? Leurs corrélations donneront accès à un autre domaine de connaissance... C’est déjà demain : la médecine prédictive, régénérative et la thérapie épigénétique existent.

L’avenir du kinésithérapeute ? Il devra toujours s’occuper du corps de l’autre, même si des cellules souches interviendront en sous-main pour accélérer le processus de guérison. Le patient 4.0 se tiendra cependant devant le kinésithérapeute avec ses organes, ses déficiences et sa demande ; le professionnel va devoir s’adapter et gagner en efficacité. Les pratiques vont évoluer, comme nos outils thérapeutiques : nouveaux concepts, nouvelles technologies, ils sont eux aussi connectés : le jeu de simulation cognitive, le tapis de marche intelligent favorisent l’autonomie. Les dispositifs transmettent au praticien des indicateurs de progression en situation. Les programmes de rééducation avec casque de réalité virtuelle deviennent bien réels.

La santé de chacun est un bien privé qu’il faut préserver. Mais le patient/malade de demain, en partageant ses données de santé, contribuera à l’avancée des connaissances sur les pathologies et leurs traitements.

Cela ne me gêne pas de ne plus faire la queue le samedi au guichet de la banque, au contraire, j’apprécie l’application mobile. J’aimerais cependant que le passage au cabinet du kinésithérapeute reste incontournable.

© D.R.

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