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Prenez soin de mon dos !

Aude Quesnot
Kinésithér Scient 2017,0593:01 - 10/12/2017

Combien de patients lombalgiques avez-vous pris en charge cette semaine ? Parmi ceux-ci, combien étaient des patients lombalgiques chroniques souffrant depuis plus de 3 mois ?

La lombalgie chronique a été longtemps décrite et expliquée grâce à une approche anatomique qui faisait correspondre des lésions structurelles variées (arthrose interapophysaire postérieure, lésion discale, hernie, etc.) du segment mobile vertébral à des signes cliniques et leurs conséquences douloureuses. Or, nous savons tous qu’il n’existe pas de parallélisme entre l’imagerie et l’intensité douloureuse de la lombalgie, pour ne citer que cet exemple. À titre anecdotique, 50 % de la population non symptomatique présente une hernie discale.

Depuis une vingtaine d’années, l’évolution des connaissances nous a fait intégrer dans notre raisonnement clinique une approche psychosociale intégrant une analyse multidimensionnelle tenant compte de l’environnement professionnel, social et cognitif du patient. Ce nouveau modèle nous a permis d’introduire dans notre prise en charge rééducative l’éducation thérapeutique du patient et la thérapie cognitivo-comportementale. Nous avons pu ainsi appréhender les liens entre une lésion structurelle initiale et les conséquences de celles-ci, telles que la peur de bouger ou de faire un effort, la peur d’avoir mal, la peur d’être handicapé ou paralysé, la peur exacerbée de reprendre le travail dans un environnement matériel ou humain non bienveillant, et la mise en place d’un comportement d’évitement.

Ce modèle a été décliné sur l’ensemble des pathologies chroniques avec une nette dimension axée sur le retour au mouvement, le réentraînement à l’effort et une prise en charge psychologique.

Actuellement, des travaux de grande qualité émergent sur la plasticité cérébrale et la lombalgie et font ressortir cette dimension cognitive encore peu connue. Je vous laisse en découvrir quelques-uns dans ce numéro de Kinésithérapie Scientifique.

La prise en charge que nous allons proposer au patient doit comprendre différentes facettes qui incluent des techniques manuelles, des techniques antalgiques, des étirements musculaires ciblés sur les muscles sous-pelviens, du renforcement musculaire des muscles du tronc et des membres inférieurs, et du réentraînement à l’effort.

Cette prise en charge ne pourrait être satisfaisante sans l'éducation thérapeutique du patient ciblée sur l’autogestion de la lombalgie chronique, l’adaptation professionnelle et/ou sociale et la reprise d’une activité physique adaptée à l’issue des séances de kinésithérapie.

Ce minimum commun à notre profession n’exclut pas l’introduction de techniques complémentaires adaptées à chaque patient telles que la relaxation, l’hypnose, l’accompagnement diététique ou social.

Bonne lecture et excellentes fêtes de fin d’année !


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