Se former, s'informer, s'entourer...

Extension du domaine de la kinésithérapie

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2020,0617:01 - 05/02/2020

Les évolutions qui ont concerné la définition de la profession, les rôles et les missions du kinésithérapeute et le programme des études, l’affranchissent progressivement de la tutelle médicale. Dans le cadre de la réforme des études de santé [1] à partir de la rentrée 2021, le recrutement sera plus large, les étudiants intègreront toujours les écoles de kinésithérapie après une première année universitaire validée, mais sa part « santé » sera abordée de manière variée, en fonction des parcours et des universités.

Comment ne pas observer l’extension du domaine de la kinésithérapie ? 4 années d’études professionnelles, des missions qui la définissent, plutôt que des actes, une responsabilité accrue du traitement avec le libre choix des techniques jugées les plus adaptées.

Et si le kinésithérapeute se passait du malade ?

En 2016, la loi de modernisation du système de santé [2] a ouvert un espace important à la promotion de la santé et la prévention. Cela s’appuie notamment sur une logique d’éducation à la santé dont les kinésithérapeutes s’emparent progressivement. L’état de santé, on nous le répète assez, dépend notamment de l’exercice physique. L’avenir professionnel passera donc par le soin préventif.

Le patient va-t-il se passer du kinésithérapeute ? Ce qui est le plus à craindre, c’est que le futur kinésithérapeute veuille se passer du malade !

N’est-ce pas la quadrature du cercle que de former des professionnels en proie à l’hégémonie de la bonne santé, alors que la maladie sera toujours plus présente, touchant une population de patients toujours plus âgés, à l’histoire médicale complexe ? La prise en charge de malades présentant des pathologies lourdes semble même faire peur aux jeunes professionnels. Les études qui se sont allongées, sous couvert de trop nombreuses unités d’enseignement, éloignent à mon avis le sens clinique ; la normalisation actuelle y est sûrement pour quelque chose.

Faisons toutefois confiance au futur professionnel « expert en masso-kinésithérapie, praticien, formateur, communicant, éducateur, gestionnaire et responsable au regard de la déontologie. » [1], mais restons vigilants et n’oublions pas que la majorité des patients qui fréquentent le kinésithérapeute recherchent une solution à leurs troubles qui ont souvent de multiples facteurs. Le normal et le pathologique vont toujours cohabiter ; surveillons l’un pour mieux accompagner l’autre.

[1] Décret n° 2019-1126 du 4 novembre 2019 relatif à l'accès au premier cycle des formations de médecine, de pharmacie, d'odontologie et de maïeutique.
[2] Loi n° 2016-41 du 26 janvier 2016 de modernisation de notre système de santé.

Tous les articles
Nous vous suggérons aussi...

Y aura-t-il un projet à Noël ?

Sophie Conrard Kiné actualité n° 1666 - 19/12/2024
De la neige en montagne, oui. Des cadeaux sous le sapin, j'espère que oui. Un gouvernement, sans doute (à l'heure où je rédige cet édito, le nom du prochain Premier ministre doit tomber d'un jour à l'autre).

Libéraux de santé :
La Cnam enrichit sa plateforme

Sophie Conrard Kiné actualité n° 1666 - 19/12/2024
La Caisse nationale d'assurance maladie (Cnam) a récemment ajouté des fonctionnalités à sa plateforme ouverte à tous \"Data professionnels de santé libéraux\", dont l'objet est \"d'offrir une vue d'ensemble des professions et spécialités...

Malentendus autour de l'accès direct :
Un groupe de travail constructif

Sophie Conrard Kiné actualité n° 1666 - 19/12/2024
Une commission paritaire nationale s'est tenue le 20 novembre au siège de l'assurance maladie, avec des représentants de la FFMKR, du SNMKR et d'Alizé. Parmi les sujets à l'ordre du jour, les partenaires conventionnels ont fait le point sur...