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Le télésoin, une solution pour répondre aux enjeux de santé publique

Pour certains patients, le télésoin en kinésithérapie serait un bon moyen pour ne pas interrompre totalement la rééducation.

Alexandra PICARD
Kiné actualité n° 1563 - 09/04/2020

Isoler les patients en assurant la continuité des soins pour contribuer à endiguer la progression de la pandémie du Covid-19, voici l'un des bénéfices du télésoin. Une manière différente de pratiquer, qui fait des émules chez les kinésithérapeutes et ouvre une nouvelle voie dans la manière d'envisager le métier.



“C’est aujourd’hui une réponse adaptée aux besoins puisque nous ne pouvons plus recevoir nos patients dans nos cabinets. Nous pouvons malgré tout, grâce aux technologies existantes, continuer à les suivre et prendre soin d’eux à distance”, avance Laurent Rousseau, premier secrétaire général de la FFMKR, qui pratique déjà le télésoin pour une partie de sa patientèle : “Récemment, j’ai échangé par téléphone avec une patiente durant 1/2h. Je ne la connaissais pas mais grâce à notre discussion j’ai pu cerner sa pathologie, son ressenti et effectuer un bilan à distance. J’ai pu lui fournir des explications aux problèmes qu’elle rencontrait, lui faire part de mon avis et lui indiquer une série d’exercices avec des objectifs précis. Le télésoin nous permet, dans le contexte particulier du Covid-19, de continuer à faire notre travail tout en respectant les consignes de sécurité pour assurer la bonne santé de nos patients”, explique-t-il.

Les témoignages sur les vertus du télésoin sont légions. Sur une page Facebook [1] créée à l’initiative de la FFMKR pour débattre de l’utilité du télésoin, beaucoup en louent les avantages. Une kinésithérapeute explique par exemple avoir fait une séance à distance avec une patiente pour un suivi en neuro-dynamique : “Par téléphone, j’ai refait tous les tests en direct, ajusté les exercices pour la semaine à venir, parlé d’ergonomie de son installation pour travailler à la maison”.

Une nouvelle façon de pratiquer que certains regardent toutefois d’un œil mitigé, qualifiant cette pratique d’“étrange”, estimant qu’elle “ne correspond pas au cœur de la patientèle : les personnes âgées”. Sans compter ceux qui craignent qu’elle nuise à la profession lorsque la crise sanitaire sera terminée.

Certains kinésithérapeutes affirment qu’ils y avaient déjà recours avant l’arrivée du Covid-19, car les outils existent depuis longtemps. “Nous avons des logiciels d’exercice, des plateformes commerciales ou proposées par certaines URPS... Tout est là pour faire quelque chose d’abouti”, assure d’ailleurs Laurent Rousseau. Un cadre législatif existe aussi, avec l’article L.6316-2 du Code de la santé publique, qui définit le télésoin comme “une forme de pratique de soins à distance utilisant les technologies de l’information et de la communication. Dans ce cadre, le télésoin permet de mettre en rapport un patient avec un ou plusieurs pharmaciens ou auxiliaires médicaux dans l’exercice de leurs compétences”.

Vers une pratique innovante de la kinésithérapie
Via cette pratique innovante, les kinésithérapeutes peuvent développer de nouvelles modalités d’exercice et réaliser un suivi à distance. “Ils peuvent par exemple évaluer les capacités et incapacités fonctionnelles du patient en regard de ses objectifs de vie, établir un diagnostic kinésithérapique, co-construire avec le patient un projet de traitement rééducatif, évaluer si ce traitement est applicable. Ils peuvent aussi proposer des exercices de mobilité, de force et d’équilibre, des exercices respiratoires et cardiovasculaires. Autant dire un panel d’actes très variés !”, commente Laurent Rousseau, convaincu qu’avec le télésoin, la profession répond parfaitement à ses missions. Seul hic, “ces actes en télésoin se font actuellement gratuitement”, c’est pourquoi la Fédération milite pour qu’un décret permette officiellement de rémunérer les kinésithérapeutes pour ces séances à distance. On l’attend d’un jour à l’autre [2]. Avant la fin de la crise du Covid-19.

[1] “Télésoin : la FFMKR provoque le débat”.
[2] Ce décret n’était pas encore sorti lorsque nous avons bouclé ce journal (le 1er avril).

© lightFieldStudios/Istock/Getty Images Plus

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