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La FFMKR et le Synerpa demandent la réouverture des Ehpad aux kinésithérapeutes

Sophie Conrard
- 16 avril 2020

Chacun à son tour, les 2 syndicats ont alerté le ministre de la Santé sur la nécessité de permettre à nouveau aux kinésithérapeutes d'intervenir au sein des Ehpad, où la situation de certains patients devient dramatique.



Pour la FFMKR, la situation est « urgente ». Elle demande donc à Olivier Véran de définir le cadre dans lequel l’accès aux EHPAD pour les kinésithérapeutes libéraux sera de nouveau possible, et ainsi apporter des solutions aux patients et aux médecins coordonnateurs, et des consignes claires aux directeurs de ces établissements.

Bien sûr, il faudra également que les professionnels puissent être dotés de tout le matériel de protection nécessaire pour réaliser les soins. À ce jour, les médecins de ville et infirmières libérales doivent venir avec leur propre matériel de protection, selon une fiche élaborée par la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) sur les règles régissant l'intervention exceptionnelle des médecins et infirmières de ville lorsque l'Ehpad en fait la demande.

« Depuis le confinement imposé aux Ehpad le 11 mars dernier dans le but de protéger les résidents, les personnes âgées se retrouvent dans une situation d’isolement forcé risquant d’aggraver fortement les facteurs de comorbidités et la perte d’autonomie, porte d’entrée dans la dépendance et la grabatisation à court terme avec les conséquences sur la qualité et l’espérance de vie que nous connaissons. Au-delà des actes de kinésithérapie respiratoire qui rentrent dans le cadre des actes prioritaires, de nombreux soins qui étaient reportables il y a 3 ou 4 semaines ne le sont plus aujourd’hui. Il n’est évidemment pas question de laisser reprendre les activités comme avant, mais d’apporter une solution organisationnelle qui permettrait de reprendre des soins réguliers de kinésithérapie pour ces patients fragiles et polypathologiques », argumente la FFMKR dans son courrier à Olivier Véran. « Le kinésithérapeute contribue activement à la prévention de la surmortalité due aux pertes des capacités fonctionnelles engendrées par le confinement, en luttant notamment contre les syndromes d’alitement et de glissement. Il contribue également à alléger la charge de travail des autres personnels soignants en limitant les risques de grabatisation des résidents. Aussi, la FFMKR s’associe à la demande de nombreuses associations de patients et de la Fnadepa de rouvrir de façon très limitée les Ehpad et résidences autonomie aux kinésithérapeutes afin d'assurer l'accès aux soins courants. »

Le Synerpa réclame le retour des kinésithérapeutes
Mardi, le Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées (Synerpa) a demandé le retour des kinésithérapeutes libéraux dans les Ehpad, ainsi qu’une "ouverture progressive » aux familles dans les zones peu touchées, a déclaré sa déléguée générale, Florence Arnaiz-Maumé, lors d’un point presse téléphonique. Alors que les visites sont suspendues depuis le 11 mars en Ehpad, sauf rares exceptions, et que le confinement en chambre est recommandé depuis le 28 mars, "ce qui me remonte des adhérents, [c’est que] ça fait quatre semaines et il faut qu’il y ait une ouverture", a-t-elle relaté.

Tout d’abord, elle réclame le retour "au plus vite" des kinésithérapeutes libéraux pour accompagner les promenades individuelles des résidents et leur permettre de faire des exercices, et ainsi lutter contre des pathologies et le risque d’escarre. " Nous voulons avoir un échange avec le gouvernement là-dessus pour avoir plus de personnes pour s’occuper des personnes âgées", a-t-elle déclaré.

En Île-de-France, l'ARS « invite les kinésithérapeutes qui travaillent habituellement en Ehpad et en ESMS PH sont invités à reprendre leur activité dans ces établissements (après contact avec la direction). Il conviendra d’appliquer strictement les gestes barrières et précautions d’hygiène et d'effectuer la kiné en chambre », annonçait hier l'URPS-MK de la région. Les kinésithérapeutes qui le souhaitent peuvent proposer leur soutien en renfort de l’équipe soignante sur des fonctions d’aide soignants (après contact avec la direction). La rémunération forfaitaire sera de 130 € pour 3 h.

Bientôt des visites de proches ?
Dans les zones encore peu touchées, le Synerpa souhaite par ailleurs commencer progressivement à permettre des visites de proches d'ici 1 mois, en réexaminant la situation chaque semaine. Florence Arnaiz-Maumé a pris l’exemple d’un de ses adhérents qui a organisé des visites de 30 minutes à l’extérieur, en respectant 3 m de distance avec le résident et en désinfectant la terrasse entre chaque visite. Pour autant, elle ne cautionne pas l’avis du Comité consultatif national d'éthique (CCNE) qui a préconisé, dans un récent avis, de permettre la visite des proches aux résidents testés négativement, dans des conditions strictes de sécurité sanitaire.

Pour aller plus loin

Lire cet article de La Dépêche du Midi, sur « le drame silencieux » qui se joue dans les Ehpad, avec une interview du kinésithérapeute Damien Olivon, secrétaire général en charge du grand âge et de l'autonomie à la FFMKR. « On est en train de passer sous silence la mortalité qui surviendra dans les prochains mois pour ces résidents en raison de l'absence de soins. Ceux qui marchent déjà difficilement se retrouveront en fauteuil, ceux déjà alités feront des escarres qui s'infecteront puis des septicémies, on doit pouvoir proposer mieux comme qualité de vie ! », affirme-t-il.

© SolStock/Istock/Getty Images Plus

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