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4e Conférencede l'École d'ASSAS «La marche et la locomotion humaine»

Michel Pillu
Kinésithér Scient 2020,0621:01 - 05/06/2020

Mercredi 26 février 2020 s’est tenue à Paris la 4e Conférence de l’École d’Assas. Le thème de cette année était « La marche et la locomotion humaine ». Il y avait 15 intervenants venant d’horizons très divers. Le programme était donc chargé, ce qui montre bien l’importance du sujet et son aspect fédérateur entre les 3 professions enseignées à l’École : masso-kinésithérapie, pédicurie-podologie et ergothérapie.

La marche et tout ce qui l’entoure est un bien fondamental pour l’humanité. Marcher, se déplacer, déambuler, se promener, aller vers l’autre, courir pour le plaisir ou pour attraper le train de peur d’être en retard, vaquer à ses occupations, s’entretenir par le mouvement, reculer les échéances du vieillissement, garder et retrouver la verticale et l’équilibre, etc. Tous ces aspects de notre vie quotidienne passent par la marche.

Il faut donc comprendre ce qu’est la marche et sa complexité. C’est le thème abordé par les 3 premiers articles de Éric Yiou, Romain Artico et Thomas Poirier : analyser la marche au point de vue biomécanique, son évolution avec l’âge et son étude clinique au moyen de semelles embarquées et/ou d’une centrale inertielle. Les 3 auteurs montrent bien comment ces techniques de mesures indirectes (pression au sol, cinétiques, cinématiques) sont utiles et combien elles demandent une interprétation soigneuse pour éviter les erreurs.

L’acquisition de la marche chez l’enfant, avec les éventuels troubles que cela peut comporter, est un monde à part, présenté par le Dr Ana Présédo, chirurgien orthopédique. En lisant son article, on comprend bien que l’examen clinique visuel est fondamental et que de très nombreux troubles observés se corrigeront seuls, tellement la plasticité de l’acquisition de la marche est importante.

Présenter la problématique de la marche dans un pays comme le Sénégal nous a semblé intéressant. C’est pourquoi l’École d’Assas avait invité Papa Demba Ndiaye, kinésithérapeute libéral à Dakar, qui a montré les particularités socio-économiques de la rééducation de la marche dans un pays émergent de l’Afrique de l’Ouest.

L’ergothérapie fait partie de l’offre de formation de l’École d’Assas depuis 2018, ce qui explique la présence d'Isabelle Marchalot. Marcher pour agir sur le monde illustre bien ce qu’est la marche, pas un but en soi mais un moyen pour accomplir des tâches. On ne dit pas à un patient « Marchez » sans lui fixer un objectif, ni lui expliquer pourquoi il doit marcher. On lui explique qu’il doit aller à pied, par exemple, pour faire ses courses. Autrement dit, on marche pour un but ou une raison qui peuvent être le simple plaisir ou l’entretien musculo-squelettique*.

L’article suivant de James Charles est original a, au minimum, deux titres : il est en anglais et il est rédigé par le premier pédicure-podologue – Docteur-es-sciences aborigène d’Australie. Nous tenions à présenter cette étude biomécanique du pied de cette population qui a été marginalisée par l’histoire et dont l’accès au soin est problématique. Ces quelques lignes montrent que le pied et ses pathologies est le reflet du mode de vie, du morphotype, du chaussage, du terrain, etc. Cela nous laisse entrevoir combien les populations marginalisées de toute la Terre ont des problématiques similaires et que les réponses que les rééducateurs doivent apporter à ces populations sont plus ou moins similaires*.

Quand on est pressé, que fait-on ? On se met à courir et la course sous toutes ses formes est devenue un sport-loisir de plus en plus populaire. Ses bienfaits ne sont plus à démontrer, ce qui explique l’importance de l’article de Arnaud Stuner. Comprendre la course, ses particularités et les problèmes que cela pose. Le voile sur ses considérations est levé et nous ne pouvons que remercier l’auteur*.

Un autre aspect souvent méconnu des rééducateurs est la fonction de la tête comme organe des sens. Pour bien fonctionner, ceux-ci doivent stabilisés et Thierry Guillot, kinésithérapeute, nous montre que les systèmes canalaires et otolithiques de l’oreille accomplissent cette tâche et comment le rééducateur peut intervenir*.

La conclusion de la soirée revenait à Arnaud Delafontaine, à la fois masseur-kinésithérapeute, Docteur-es-sciences du mouvement et interne en rééducation-réadaptation. Il a bien montré l’importance de la marche dans une idée de santé et donc la nécessité absolue de la conserver, de l’entretenir et de la restaurer si besoin*.

L’ensemble de cette soirée a mis en évidence 2 informations essentielles :

1) la marche est complexe et elle met à contribution tout le corps ;

2) l’organe essentiel de la marche est le cerveau. C’est lui qui déclenche l’initiation et l’arrêt de la marche, c’est lui qui gère tous les automatismes qui permettent de tenir debout et d’avancer, c’est lui qui interprète toutes les informations entraînant un ajustement de l’activité marche, et ainsi de suite.

Cela explique la richesse passionnante de cette soirée du 26 février et la noble complexité de nos métiers.

Bonne lecture.

* Article à paraître dans le prochain numéro de Kinésithérapie Scientifique

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