Se former, s'informer, s'entourer...

Anticiper l'imprévisible

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2020,0625:01 - 05/11/2020

Perdre progressivement ses capacités et n’avoir plus conscience de soi-même n’est pas une conséquence inéluctable de la vieillesse. La Journée Mondiale de la maladie d'Alzheimer vient de nous donner des raisons d’espérer : la prise en charge préventive de la maladie a de réels effets. En attendant de connaître précisément ses causes et de découvrir une thérapie, avoir une activité intellectuelle, faire des exercices... peut retarder le moment où la maladie se déclare ou peut ralentir son évolution.

L’actualité 2020 sur une « maladie fléau » peut aussi être positive. De nombreux programmes scientifiques [1] corroborent que de simples mesures d’hygiène de vie chez le jeune adulte (le contrôle de facteurs de risque vasculaire, la pratique d’une activité physique et la stimulation cognitive) ont un impact sur un déclin cognitif à venir. Chez les sujets âgés à risque, le constat est le même, ils entrent plus tard dans la maladie. Par ailleurs, la découverte et l’utilisation d’un anticorps anti-amyloïde impacte favorablement l’évolution de la maladie chez des patients au stade débutant.

Du probable au formel

La maladie d’Alzheimer frappe sans prévenir trente ans avant les symptômes. Il faut donc repérer les personnes à risque, au plus tôt, avant le stade de la démence. Le dépistage par tests sanguins devrait bientôt se développer. Les troubles de la mémoire et de l’orientation seront les premiers symptômes. Sans connaître encore l’histoire naturelle des lésions, comment proposer un traitement efficace ? La question éthique est présente quand on peut prédire la maladie alors que les lésions cérébrales ne sont pas forcément présentes, et que les biomarqueurs positifs n’impliquent pas forcément le développement de la maladie.

Il ressort des différents programmes que les troubles cognitifs doivent être décelés au plus tôt. Le kinésithérapeute a une responsabilité au cours des prises en charge des affections, autres que la maladie d’Alzheimer, que le patient peut présenter. Préserver la motricité et l’encourager à conserver une vie sociale sont des objectifs communs avec ceux de la rééducation de toute affection chronique en général.

Au mois de juillet 2020, une commission internationale a publié dans le Lancet [2] les 12 comportements que l’on peut modifier pour diminuer de 40 % l’entrée dans la maladie d’Alzheimer, quel que soit l’âge : isolement social, inactivité physique, manque de stimulation cognitive pendant l’enfance, perte d’audition, traumatisme crânien, hypertension/obésité/diabète, tabac, dépression, pollution, alcool.

S’appuyer sur le triptyque maladie/recherche/prévention et agir avant les symptômes est décidément une démarche d’actualité. Ici, pas de vaccination à attendre, mais simplement pratiquer des soins et proposer un accompagnement adapté au mode de vie du patient, pour stopper le processus très lent de la dégénérescence cellulaire.

Les travaux actuels sur la maladie d’Alzheimer nous rappellent qu’entretenir notre « capital cerveau » demeure la clé du maintien de l’autonomie.

[1] Institut du cerveau - Paris.
[2] Lancet Commission on dementia prevention, intervention and care identifies 12 modifiable risk factors accounting for 40% of dementias.

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