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La télékinésithérapie est-elle entrée dans notre pratique ?

Aude Quesnot
Kinésithér Scient 2020,0626:01 - 05/12/2020

Au cours de la première vague de Covid-19, les patients sont sortis précocement des centres de rééducation ou ont été transférés directement des services d’orthopédie au domicile. Les cabinets étaient fermés, les patients angoissaient d’ouvrir la porte de leur maison à des professionnels et les kinésithérapeutes manquaient d’équipement de protection individuel (EPI) pour assurer les soins à domicile.

Pour répondre à l’urgence, les kinésithérapeutes ont mis en place des séances de télékinésithérapie (fig. 1). L’arrêté du 16 avril 2020 paru au JO le 18 avril précise les actes autorisés et leurs modalités de remboursement à 100 %. Pour les services de rééducation et selon certaines modalités, l’hôpital de jour peut être pratiqué également en télérééducation.

Figure 1
Place de la télékinésithérapie

Il existe deux modes de télékinésithérapie : le mode synchrone ou « direct » et le mode asynchrone ou « indirect » (tab. I). Le modèle utilisé à ce jour correspond au mode synchrone. Il n’est pas exclu que les deux modes puissent être combinés dans l’avenir. Pour rappel, ces téléconsultations ont pris un essor majeur que ce soit pour les consultations d’anesthésie, les consultations médicales de suivi postopératoire, les consultations de généraliste, etc.

Tableau I
La télékinésithérapie en mode synchrone ou asynchrone

Je pensais, nous pensions, qu’une récupération de qualité dans le cadre, par exemple, d’une prothèse de genou nécessitait la main du kinésithérapeute.

Le Pr Michel Tousignant, collègue de l’Université de Sherbrooke au Canada, a réalisé une étude comparant 104 patients rééduqués classiquement à 104 patients rééduqués en télérééducation après prothèse de genou. Les résultats sont similaires sur les amplitudes, la force musculaire, le KOOS et le WOMAC. Des résultats encourageants et similaires semblent se dessiner dans la qualité de vie après cancer du sein, et dans les troubles de l’équilibre après AVC.

Prenons un instant pour analyser ces résultats, désagréables à première vue pour les manuels que nous sommes, surprenants en deuxième analyse. Ils pourraient bien nous inviter à être créatifs à l’avenir...

Même s’il reste à développer les contre-indications à la télékinésithérapie comme le handicap lourd, voire les troubles cognitifs, l’éthique et l’équité d’accès à ce type de prise en charge, faisons évoluer nos pratiques. Le kinésithérapeute doit pouvoir choisir le mode de prise en charge le plus adapté pour chaque patient, avec l’accord de celui-ci, en présentiel, en télékinésithérapie et, pourquoi pas, en alternant ces modes.

Demain, je fais une séance en télékinésithérapie !

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