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A Saint-Denis (93), l'IFMK CEERRF à l'heure américaine

©CEERRF

Nicole Maurice
- 26 août 2022

Du 27 au 29 juin 2022, le CEERRF a reçu le Dr Paul Bliton, docteur en physiothérapie de l’Université de Saint-Ambrose (Iowa). Stéphane Evelinger, responsable pédagogique du premier cycle de formation, partage avec nous les enseignements de cette expérience internationale.



Kiné actualité : Pourquoi avoir invité Paul Bliton ?

Stéphane Evelinger : Le CEERRF a décidé de se doter d'un bureau international chargé de piloter l'ouverture sur le monde de l'IFMK. En effet, l'international est désormais présent dans l'ensemble de nos activités d'enseignement. L'universitarisation de la formation, l'introduction de la recherche dans la formation initiale nous imposent d'avoir un regard critique sur les publications en physiothérapie et d'accompagner les progrès de la rééducation à l'échelle mondiale. Cependant, il y a une très grande différence entre lire les articles scientifiques et échanger avec ceux qui ont publié des travaux de recherche, les voir enseigner et transmettre leurs pratiques.

Le bureau international a prospecté pendant plusieurs mois auprès d'enseignants nord-américains et nous sommes entrés en contact avec le Dr Bliton, qui a accepté notre invitation.

Bio Express

Paul Bliton exerce aujourd’hui en libéral dans l'état américain du Minnesota et se consacre principalement au traitement des troubles neuro-musculosquelettiques (TMS) complexes. Ses recherches portent sur les mécanismes de la thérapie manuelle, les mécanismes de la douleur et la science de la douleur. Il a publié dans Clinical Journal of Pain et est co-auteur d'un essai clinique randomisé de 2018 intitulé Periosteal Electrical Dry Needling for Knee Osteoarthritis. Il s'intéresse également, entre autres, aux dysfonctionnements de l'articulation temporo-mandibulaire, aux radiculopathies, aux douleurs cervicales et à la prise en charge de la lombalgie.

Quelles différences avez-vous observées ?

Les différences dans la pratique sont en grande partie liées aux spécificités de chaque système de santé. Aux états-Unis, comme dans d’autres pays anglo-saxons, le nombre de séances pour une prise en charge est souvent plus limité qu’en France. Le patient doit être autonome assez rapidement et devient co-auteur de sa rééducation. Le physiothérapeute doit l’orienter, le guider vers cette autonomie, ce qui le pousse encore et toujours à être très pragmatique et à choisir "ce qui marche".

J’ai assisté à l’intégralité des cours du Dr Bliton. Dans un premier temps, il a posé le cadre scientifique et la validité des techniques. Ensuite, il a relativisé la science. Il a transmis sa pratique, sa technique, sa technicité, son vécu, notamment auprès de Mark Lasslet, qui a développé en 2009 une série de tests de provocation de la douleur dits "Cluster sacro-iliaques de Laslett". En peu de temps, il a renforcé le bagage technique des étudiants.

Comment ces derniers ont-ils vécu cette expérience ?

Paul Bliton a rencontré les 2e et 3e années. Les étudiants ont découvert qu’ils étaient en capacité de comprendre et de parler l’anglais professionnel. Ils ont réalisé qu’ils pouvaient s’adresser à un professionnel de santé originaire d’un autre pays. Cela peut sembler surprenant, mais c’était la première fois qu’ils échangeaient avec un enseignant en langue anglaise.

Ils ont également compris que la science n'est pas tout. L’expérience du thérapeute joue un rôle central dans l’autonomisation du patient.

La posture des étudiants était également différente de d'habitude. En effet, les enseignements du Dr Bliton n’étaient pas évalués, ce qui leur a permis de se libérer de la "pression des notes" et de profiter pleinement de l’expérience proposée par le CEERRF, comme ils nous en ont fait part : ils ont trouvé le Pr Bliton "interactif, intéressant" et qu'avec "beaucoup d'exemples proposés, sa pédagogie donne envie d'apprendre" [1].

Quel regard Paul Bliton a-t-il porté sur les étudiants du CEERRF ?

Pour lui, nos étudiants ont un excellent niveau et soif d’apprendre, ce qui est pour la direction et l’équipe enseignante une grande source de satisfaction et une motivation supplémentaire pour les inciter à aller toujours plus haut, toujours plus loin.

 

Nicole Maurice est responsable du département International du CEERRF.

[1] Enquête de satisfaction menée auprès des K2 et des K3 en juillet 2022.

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