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Entretien avec Thomas Fatôme : "Il fallait que nous prenions nos responsabilités"

©S. Conrard/Kiné actualité

Sophie Conrard
- 16 décembre 2022

Nous avons assisté ce matin à la signature de l'avenant 7 à la convention des masseurs-kinésithérapeutes entre le directeur général de la Cnam, Thomas Fatôme, et Sébastien Guérard, président de la FFMKR. Les 2 autres syndicats, SNMKR et Alizé, étaient absents. À la sortie, nous avons pu recueillir le sentiment de Thomas Fatôme sur ce texte.



Kiné actualité : Vous venez de signer l’avenant 7 à la convention des masseurs-kinésithérapeutes avec la FFMKR. Que représente cette signature ?

Thomas Fatôme : Cet avenant constitue une avancée significative, à la fois en termes d'accès aux soins de kinésithérapie et pour soutenir la profession, qui est un acteur majeur de notre système de santé. À ce titre, il était important pour nous de la soutenir.

Un an de négociations, ce n’est pas rien. Comment l’expliquez-vous ?

En effet, l'année a été intense ! Mais cela nous a permis d'aller au fond des choses et de construire un accord très ambitieux. Cela montre aussi la richesse de la vie conventionnelle. Chacun a réussi à faire un pas vers l'autre et c'est ce qui a permis la signature de cet avenant.

L’enveloppe mise sur la table par la Cnam est historiquement élevée (même si les revalorisations restent inférieures à l’inflation et n’interviendront pas en une seule fois, comme on aurait pu le souhaiter). Pourquoi un tel effort financier de votre part ?

530 millions d'euros, c'est effectivement une somme historique. À terme, cela représentera plus de 7 000 € par an en plus pour un kinésithérapeute, en moyenne. Et cette enveloppe est au moins 2 fois plus élevée que lors des précédentes négociations. Nous avons souhaité envoyer un signal très fort pour montrer notre volonté de soutenir la profession, en particulier dans ce contexte d'inflation dont nous sommes conscients. Nous avons le désir de permettre aux kinésithérapeutes d'être des acteurs incontournables de la prévention de la dépendance et de la prise en charge du handicap. Et ces revalorisations accompagnent les mesures démographiques que nous mettons en place avec la profession.

Précisément : les contreparties exigées sur le plan démographique sont historiques également. Comprenez-vous que cela constitue un point de blocage pour certains ?

Je comprends que cela suscite des interrogations. Est-ce à dire que nous acceptons, avec la profession, le maintien durable d'inégalités très fortes d'accès aux soins de kinésithérapie pour les assurés, selon qu'ils habitent à Cherbourg ou à Nice ? Je crois qu'il fallait que nous prenions nos responsabilités, et que nous les prenions dans un cadre conventionnel, c'est-à-dire un cadre discuté et non imposé.

Les étudiants sont particulièrement inquiets des mesures sur les néo-installés qui s’appliqueront dans 5 ans. Comment voyez-vous les choses dans la construction de la méthode qui permettra la mise en œuvre de cette mesure ? Les choses sont-elles figées ?

Nous avons plusieurs années devant nous pour construire ce dispositif, qui ne concerne pas les étudiants qui ont déjà entamé leur formation en IFMK. La ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé, Agnès Firmin Le Bodo, s'est clairement engagée (lire son courrier) à remettre à plat l'organisation et le financement des études de masso-kinésithérapie. Les travaux vont démarrer bientôt, vraisemblablement dès janvier. L'assurance maladie s'est engagée à soutenir, y compris financièrement, ce volet de la réforme.

Les autres syndicats (SNMKR et Alizé) n’étaient pas là ce matin pour signer l’avenant. Comment va se passer la suite ? Peuvent-ils encore signer ?

Bien sûr, ils peuvent encore signer ! La porte de l'assurance maladie reste ouverte. Je comprends bien sûr les interrogations et les inquiétudes. Nous allons faire de la pédagogie sur le contenu de cet avenant qui porte, je le rappelle, des augmentations tarifaires inédites. Il initie également des travaux importants pour la profession au cours des prochaines années : sur la prise en charge des patients souffrant de Covid long, l'évolution de la nomenclature ou encore la reconnaissance du rôle du masseur-kinésithérapeute auprès des patients atteints d'insuffisance cardiaque.

Certains pensent que les négociations ne sont pas terminées et qu’un retour à la table de négociations est possible, en cas d’opposition des 2 autres syndicats. Que pouvez-vous dire à ce sujet ?

Je vais être très clair : l'assurance maladie ne rouvrira pas les négociations sur cet avenant. Ni dans quelques semaines, ni dans quelques mois.

Une nouvelle nomenclature pour les masseurs-kinésithérapeutes doit être opérationnelle pour le 1er janvier 2024. Où en sont les travaux ? Comment doit se poursuivre ce chantier ?

Un travail important a déjà été mené, à la fois avec les syndicats et les éditeurs de logiciels. Les grandes étapes du chantier sont fixées dans l'avenant 7 et nous souhaitons qu'il progresse rapidement. Nous savons que ce sont des évolutions très attendues par la profession.

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