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Violences à l'encontre des professionnels de santé : l'UNPS et le ministère proposent des solutions

©Minerva Studio

Sophie Conrard
- 9 juin 2023

L'Union nationale des professions de santé (UNPS), qui réunit des représentants de 23 organisations syndicales de professionnels de santé en exercice libéral en France et représente 12 professions de santé, soit près de 500 000 professionnels libéraux, a imaginé plusieurs solutions concrètes pour protéger les soignants. Le 8 juin, Agnès Firmin Le Bodo a également fait des annonces.



Pour ne pas rester les bras ballants face à l'aggravation des violences à l'encontre des professionnels de santé, l'UNPS a diffusé un questionnaire afin de recueillir des témoignages et quantifier le phénomène. Résultat : 77,2 % des répondants indiquent avoir déjà subi des violences dans le cadre de leur exercice professionnel et 67 % ont le sentiment que ces violences ont augmenté au cours des 5 dernières années. Dans une large majorité, il s'agit de violences verbales, mais les violences psychologiques, matérielles et physiques sont fréquentes.

Dans 64,4 % des cas, ces violences se sont produites plusieurs fois au cours des 5 dernières années, le plus souvent au cabinet du professionnel. Dans 73,4 % des cas, celui-ci ne prend pas la peine de les déclarer. Ceux qui font cette démarche se tournent vers le commissariat ou la gendarmerie.

"Lorsque la sécurité des professionnels de santé de ville n'est pas assurée, c'est l'organisation du système de santé qui se trouve remise en cause", explique l'UNPS, qui propose donc plusieurs solutions :

"- Mettre en place, de manière homogène sur tout le territoire, une solution numérique visant à porter assistance aux professionnels de santé en cas de danger immédiat ;

- Créer une aide à l'installation de vidéosurveillance, au bénéfice des professionnels de santé libéraux, via une défiscalisation par exemple ;

- Renforcer la formation des professionnels de santé en matière de gestion de la violence et de l'agressivité des patients et de leur entourage ;

- Donner aux professionnels de santé les moyens d'assurer le suivi des troubles psychiatriques, notamment l'observance thérapeutique ;

- Élaborer une communication à destination du grand public pour le sensibiliser sur les violences commises à l'encontre des professionnels de santé."

L'UNPS se tient à la disposition des services du ministère pour mettre en œuvre rapidement ces propositions.

Le ministère attentif

Il se trouve que le 8 juin, un rapport sur la sécurité des professionnels de santé a été remis à François Braun, ministre de la Santé et de la Prévention, et Agnès Firmin Le Bodo, ministre déléguée chargée de l’Organisation territoriale et des Professions de santé. À cette occasion, ceux-ci ont "renouvelé tout leur soutien et toutes leurs pensées envers les proches de Carène Mezino, infirmière assassinée à Reims dans l’exercice de ses fonctions, et sa collègue, grièvement blessée, ainsi qu’à l’ensemble des équipes médicales et de tous les soignants victimes de violences".

"Protéger ceux qui nous soignent est une priorité absolue et une urgence nationale. Les violences, qu’elles soient physiques ou verbales, commises à l’encontre des professionnels de santé pèsent très lourdement sur les conditions d’exercice des soignants ainsi que sur leur état de santé", ont insisté les ministres. C'est pour cette raison qu'Agnès Firmin Le Bodo a engagé en janvier dernier une mission dédiée. Le rapport formule 44 propositions pour lutter contre les violences à l’encontre des professionnels de santé, qu'on peut répartir en 2 types : "des solutions prioritaires pouvant être mises en œuvre rapidement pour répondre aux situations urgentes d’ores et déjà identifiées, et des propositions s’inscrivant dans un temps long pour lutter contre les violences dans la durée et adapter au long cours de nos réponses", a expliqué la ministre.

Plusieurs propositions ont particulièrement retenu l’attention des ministres : le déploiement de dispositifs d’alerte portatifs pour les professionnels exerçant de façon isolée ; la formation initiale et continue des soignants et des personnels d’accueil pour mieux gérer l’agressivité éventuelle de leurs interlocuteurs ; l'amélioration de la réponse pénale face aux menaces et aux agressions qu’ils subissent ; et un meilleur accompagnement des victimes dans leurs démarches judiciaires.

Un plan de lutte contre les violences faites aux soignants sera présenté début juillet par le Gouvernement.

Pour en savoir plus

Pour consulter les résultats détaillés du questionnaire de l'UNPS, cliquez ici

Pour consulter le rapport remis aux ministres, cliquez ici

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