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Programme Icope : plus de 86 000 tests de dépistage déjà réalisés

©DR

Sophie Conrard (avec APM news)
- 15 avril 2024

Déployé depuis 2019 en Occitanie, autour du gérontopôle de Toulouse, qui est centre collaborateur de l'OMS pour la fragilité, la recherche et la formation en gériatrie, ce programme a été généralisé à l'ensemble de la France en 2022.



Plus de 86 000 tests de repérage ont été effectués pour environ 52 000 personnes incluses dans les différents programmes Icope de dépistage du déclin lié à l'âge, déployés à l'initiative de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). C'est ce qui a été annoncé le 2 avril lors de la conférence de lancement de l'Institut hospitalo-universitaire (IHU) HealthAge à Toulouse. Porté par le CHU de Toulouse, l'Inserm et l'université Toulouse III-Paul Sabatier, cet institut est l'un des 2 IHU "émergents" labellisés en mai 2023. Centré sur "la prévention, le vieillissement en santé et la géroscience", il ambitionne de contribuer au vieillissement en bonne santé des populations et de renforcer l'excellence du site toulousain comme centre de référence en Europe et dans le monde dans le domaine des gérosciences, a expliqué le Pr Bruno Vellas, son président fondateur.

Développement de la géroscience

"La population vieillit et nous allons vivre en moyenne 30 % de notre vie après 60 ans. C'est inédit. Cela ne doit pas être vu comme un problème mais une chance, un facteur de croissance. Le vieillissement est une sorte d'escalier et notre mission est d'aider à repérer quand une personne descend d'une marche, et ensuite de développer les connaissances, les traitements et les outils pour prévenir et accompagner, à grande échelle, la perte de fonctions", argumente-t-il. L'enjeu consiste donc à "réduire l'écart entre la longévité totale (80 ans) et la longévité en bonne santé (64 ans en moyenne), en renforçant le capital santé de la population", complète la Pr Heike Bischoff-Ferrari, directrice de l'IHU, en agissant sur les 6 fonctions essentielles pour bien vieillir que sont la vue, l'audition, la mémoire, le bien-être psychique, la mobilité et la nutrition.

C'est dans cette perspective qu'est déployé le programme Icope, pour "I cope" en anglais, "je me débrouille". L'idée est de "permettre aux seniors de se débrouiller, de vivre comme ils en ont envie, de faire entendre leur capacité de décision", explique la Pr Sandrine Andrieu, PUPH à l'Université de Toulouse. "L'application Icope Monitor, qu'on peut commencer à utiliser avant 60 ans, permet de dépister lorsqu'une fonction commence à décliner, de chercher une fonction altérée avant la plainte du patient, puis de mener une évaluation fine de l'ensemble de ses fonctions afin de lui proposer une ou des interventions de manière personnalisée, en fonction de ses choix personnels, et de continuer à suivre dans le temps une éventuelle nouvelle perte de fonction." Cette application est conçue pour faciliter le déploiement du programme, recueillir les données relatives aux patients et assurer leur suivi à distance. Elle sera bientôt référencée dans Mon Espace Santé, au même titre que le robot conversationnel qui l'accompagne.

Quelques chiffres

Au 19 mars, 86 68 évaluations avaient été réalisées avec Icope, 51 818 initiales et 3 4250 de suivi. Les 51 818 participants avaient en moyenne 74,3 ans et parmi eux, il y avait 62,8 % de femmes. 70 % des participants sont originaires d'Occitanie, région précurseure sur le sujet. Lors de la première étape d'évaluation (step 1), un déclin fonctionnel aété repéré chez 87,5 % des participants, principalement la cognition et l'audition. Dans 22,2 % des cas, cette step 1 a été réalisée en auto-évaluation, ce qui montre que les patients deviennent acteurs de leur santé.

À ce jour, plus de 11 000 professionnels de santé utilisent Icope. Une plateforme d'e-learning a été mise en place, sur laquelle 5 495 professionnels s'étaient inscrits pour se former à la première étape d'évaluation d'Icope : infirmiers, kinésithérapeutes, pharmaciens, médecins, ergothérapeutes, etc.

L'IHU va lancer un essai clinique pour comparer la stratégie Icope avec les soins habituellement délivrés par le médecin traitant. Il incluera 1 000 personnes de 70 ans et plus, autonomes, vivant chez elles, avec 1 anomalie repérée à la première étape d'Icope dans au moins 2 domaines sur 6. Elles seront repérées par le biais de 3 CHU (Toulouse, Angers et Limoges) et 3 CH (Castres, Perpignan et Tarbes). En parallèle, le programme sera évalué en Suisse auprès de 600 personnes.

L'IHU anticipe un développement national d'Icope sur 10 ans, pour atteindre 2 millions de personnes de 60 ans et plus.

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