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BPCO : Comment cibler l'éducation du patient en pratique libérale (2e partie)

Bertrand Selleron
Kinésithér Scient 2014,0560:51-52 - 10/12/2014

Connaître la conduite à tenir en cas d'exacerbation

Certains patients BPCO disposent d’un « plan d’action » formalisé, le plus souvent concerté avec leur pneumologue. Pour d’autres, il s’agit de « prescriptions anticipées », le plus souvent d’antibiotiques, à utiliser dès l’apparition de symptômes d’infection pulmonaire. En dehors de ces deux situations, chaque patient BPCO doit pouvoir identifier clairement une conduite à tenir efficace dans ce type de situation.

En se replaçant dans le contexte du paragraphe précédent, plusieurs questions peuvent permettre au patient d’expliquer cette conduite à tenir en cas d’exacerbation et au kinésithérapeute de valider l’acquisition des compétences [3] :

- « Quels sont les symptômes qui, pour vous, caractérisent le début d’une infection pulmonaire ? » ;
- « Quelles sont les personnes ressources que vous pouvez contacter ou solliciter si ces signes surviennent ? » ;
- « Que devez-vous faire en premier ? », « Que devez-vous faire par la suite ? » ;
- « Comment savez-vous alors que vos symptômes se sont améliorés ? ».

Au sujet du plan d’action, ou de ses équivalents, le témoignage d’un patient plus expérimenté est d’une aide précieuse (fig. 3).

Figure 3
Discussion du plan d'action avec un patient expert

Et si les symptômes ne s'améliorent pas ?

« Je crois que ma vie est en danger ! » : il faut réagir et ne pas rester seul. Le patient doit alors contacter un proche dont il a noté le numéro de téléphone, son médecin traitant ou son pneumologue. S’ils ne sont pas joignables, il ne faut pas hésiter à appeler le 15 (SAMU).

Le patient (ou le kinésithérapeute, si c’est lui qui constate la survenue d’une exacerbation critique), sera d’abord en contact avec un régulateur, puis avec un médecin du SAMU, qui aideront à évaluer la situation et prendre les décisions les plus adaptées.

Choisir et mettre en place des activités physiques quotidiennes adaptées

C’est probablement le thème central des actions éducatives ciblées menées par les kinésithérapeutes dans la BPCO (et dans bien d’autres maladies chroniques...). Amener le patient à augmenter son niveau d’activité physique quotidienne s’appuie bien entendu sur une combinaison de réentraînement à l’exercice et de technique d’influence. Mais cela nécessite au préalable de faire s'exprimer le patient sur son niveau d’activité physique actuel et sur ses représentations des bénéfices attendus, des risques estimés, puis d’une possibilité de prévoir, projeter, planifier de nouvelles activités [4]).

- « Parmi vos activités de tous les jours, lesquelles considérez-vous comme des activités physiques ? » ;
- « Croyez-vous que l’activité physique puisse vous apporter des bienfaits ? Si oui lesquels ? » ;
- « Pensez-vous être capable de faire plus d’activité physique régulière pendant un mois ? Si non, qu’est-ce qui pourrait vous en empêcher ? » ;
- « Quels sont les moments de la journée où vous avez le plus d’énergie ? » ;
- « Pouvez-vous identifier une activité physique que vous vous sentez capable d’augmenter ? ».

Le programme « Mieux vivre avec une MPOC » propose de nombreuses autres questions (et de nombreux outils éducatifs) pour compléter cette approche. L’association BPCO et ses partenaires a développé un carnet de bord en ligne. Chaque patient BPCO peut y ouvrir un compte et y enregistrer de nombreux paramètres issus de consultations ou d’observations personnelles, notamment sur l’activité physique : edukbpco.fr

EDUK'BPCO, mon carnet de bord en ligne

Le bilan éducatif partagé

Tout acte de kinésithérapie devrait avoir une dimension éducative. Il en va de même pour le diagnostic kinésithérapique. La Haute Autorité de Santé nous propose de nombreux outils pour aider les professionnels de santé à améliorer le parcours de soin des patients atteints de BPCO. Ainsi, une fiche de bilan éducatif partagé [1] a été mise au point et est librement utilisable et modifiable. Nous avons ainsi sélectionné 5 axes prioritaires pour un bilan éducatif partagé mais réalisé par un kinésithérapeute (tab. I).

Tableau I
Les 5 axes prioritaires pour un bilan éducatif partagé

Intérêt de l'éducation au cours des séances de kinésithérapie

Les séances de kinésithérapie pour un patient BPCO peuvent être prescrites au cours d’une exacerbation ou dans le cadre d’un programme de réhabilitation respiratoire. Dans tous les cas, elles se caractérisent par leur durée moyenne de 30 minutes qui permet au kinésithérapeute de repérer un besoin éducatif, de le cueillir au cours d’une conversation ou de le planifier pour une autre séance.

Ceci s’appuie sur une autre caractéristique favorable de séances de kinésithérapie : elles se répètent à un rythme régulier, souvent pluri-hebdomadaire et s’étalent sur plusieurs semaines, ce qui constitue une organisation extrêmement favorable aux apprentissages.

Le site web www.livingwellwithcopd.com (mot de passe : copd) met à disposition des professionnels de santé et des patients de nombreux outils éducatifs, posters, brochures, guides soignants, pour l’éducation des patients en individuel et collectif. Ce programme a de plus fait l’objet d’une validation scientifique [5].

BIBLIOGRAPHIE

[1] Haute autorité de santé (HAS). Comment mettre en œuvre la réhabilitation respiratoire pour les patients ayant une bronchopneumopathie chronique obstructive ? Mai 2014.
[2] Mieux vivre avec une MPOC. Prévenir les symptômes et prendre les médicaments tels que prescrits. Guide de référence pour l’éducation au patient en individuel, 2006 : 12p.
[3] Mieux vivre avec une MPOC. Intégrer un plan d’action pour la vie. Guide de référence pour l’éducation au patient en individuel, 2006 : 7p.
[4] Mieux vivre avec une MPOC. Intégrer l’activité physique et un programme d’exercice pour la vie. Guide de référence pour l’éducation au patient en individuel, 2006 : 13p.
[5] Bourbeau J, Julien M, Maltais F, Rouleau M, Beaupré A, Bégin R et al. Chronic obstructive pulmonary disease axis of the respiratory network Fonds de la recherche en santé du Québec. Reduction of hospital utilization in patients with chronic obstructive pulmonary disease: A disease-specific self-management intervention. Arch Intern Med 2003;163:585-91.

© B. Selleron


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