L'activité physique aérobie fait consensus dans les recommandations

Ablin et al. [9] ont comparé 3 recommandations thérapeutiques. Ils ont choisi les recommandations canadienne, allemande et israélienne, sélectionnées en fonction de leur organisation scientifique, de leur interdisciplinarité, de la recherche bibliographique et du processus de classification du niveau de preuve et des recommandations produites.

Au final, il apparaît que ces 3 recommandations mettent en premier choix thérapeutique les approches non médicamenteuses avec un accent sur l’activité physique aérobie (fig. 2), les thérapies cognitives et comportementales et les approches associant plusieurs composantes (physiques et psychologiques).

Figure 2 Intérêt de l'activité physique aérobie

Les divergences résident dans les conclusions portées sur l’acupuncture, le yoga, le taïchi, l’imagerie motrice et l’hypnose. Ces techniques sont recommandées dans les productions allemandes et israéliennes, alors qu’elles ne sont considérées que comme « seulement » efficaces à court terme dans les recommandations canadiennes. Les contradictions aux sujets de ces méthodes, relevées dans la littérature, peuvent expliquer ces divergences.

Les traitements médicamenteux sont présentés et recommandés (de façon consensuelle pour les 3 recommandations) mais avec un constat quant à leur efficacité modeste.

Les recommandations canadienne et israélienne proposent les antiépileptiques (gabapentine et prégabaline) et les IRSNa (antidépresseurs inhibiteurs de la recapture de la sérotonine et de la noradrénaline) à l’inverse des allemands. Les trois recommandations statuent sur les effets secondaires des médicaments, fréquents au cours de la FM, qui correspondent à une exacerbation des symptômes eux-mêmes. Il s’agit d’un effet nocebo.

De plus, les 3 recommandations insistent sur les molécules à ne pas utiliser telles que les opioïdes forts et la recommandation allemande va même jusqu’à proposer des recommandations négatives pour les AINS, la corticothérapie et les benzodiazépines.

Notons, que ces orientations correspondent aux recommandations de l’European league against rheumatism (EULAR) présentées en 2006 pour la première fois et publiées en 2008.

Les patients capables d'être dans le moment présent vivent mieux leur fibromyalgie

Le mindfulness (traduite par « pleine conscience ») au cours de la douleur est une notion très à la mode depuis quelques années dans les pays anglo-saxons et du nord de l’Europe. La pleine conscience est la capacité à vivre pleinement le moment présent sans jugement. Des travaux ont montré que le mindfulness permettait de réduire la douleur chronique et agir sur les symptomes d’anxiété et de dépression chez les patients fibromyalgiques.

L’étude de Morgan et al. [10] avait pour objectif de comparer les patients souffrant de fibromyalgie qui ont cette capacité de mindfulness par rapport aux autres patients n’ayant pas cette capacité. 81 patients ont été analysés à l’aide du questionnaire FFMQ (Five facet mindfulness questionnaire) (http://www.utwente.nl/gw/pgt/bestanden/FFMQ_ENG.pdf). Parallèlement, ils renseignaient différents questionnaires destinés notamment à évaluer l’impact de la fibromyalgie, la dépression, l'anxiété, la qualité du sommeil et la qualité de vie.

Les résultats montrent que les patients qui ont les scores les plus élevés à ce questionnaire (donc plus capables d’être en « pleine conscience ») sont moins anxieux (questionnaire PSS - Perceived stress scale) (r = 0,55 ; p < 0,001) et moins dépressifs (questionnaire BDI-II - Beck depression inventory second edition) (r = – 0,49 ; p < 0,001).

La qualité de vie (questionnaire SF-36) était également corrélée (r = 0,51 ; p < 0,001). Ces résultats sont intéressants du fait de la forte prévalence de ces états thymiques au cours de la fibromyalgie. La capacité de mindfulness n’était que faiblement corrélée avec les aspects : retentissement de la fibromyalgie et qualité du sommeil.

Conclusion

Ces différents travaux présentés confirment l’importance des techniques non médicamenteuses dans la prise en charge des patients fibromyalgiques. Parmi ces techniques, le réentraînement aérobie a démontré son efficacité.

Ils soulignent également, qu’au-delà des perturbations physiques, les fibromyalgiques souffrent également de perturbation affectant leur qualité de vie et leurs capacités fonctionnelles.

BIBLIOGRAPHIE

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