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Capsulite rétractile : physiopathologie

Jacques Vaillant
Kinésithér Scient 2015,0565:47-48 - 10/05/2015

Un article paru dans la revue Manual Therapy fait le point des connaissances actuelles sur la physiopathologie de cette pathologie.

Historique

Décrite pour la première fois en 1896 par Duplay, la capsulite rétractile est caractérisée par la combinaison de douleurs d’épaule et de restrictions de mouvement [1]. Le terme de périarthrite de l’épaule, utilisé par d’autres auteurs, définissait le diagnostic et la physiopathologie. Codman avait initialement défini cette pathologie comme bursite sous-acromiale adhérente avant que ce terme soit changé au profit de celui d’épaule gelée (frozen shoulder). C’était en 1934.

Une dizaine d’année plus tard, des travaux de chirurgie ont identifié l’existence de lésion par adhérence des tendons proximaux du biceps brachial, assimilée alors à une forme de ténosynovite. Quasiment dans le même temps, la découverte de lésions capsulaires est faite. Sont décrits une inflammation, des adhérences et une réduction du volume capsulaire, suggérant que la dénomination de capsulite adhésive (adhesive capsulitis) était plus adaptée à la physiopathologie.

La réalité de ces adhérences capsulaires a été remise en cause, dans plusieurs travaux des années 90. À contrario, ces mêmes travaux ont confirmé l’épaississement et la rétraction capsulaire.

La définition d’épaule gelée, primaire et secondaire (à un traumatisme ou à une inactivité forcée suite à un traumatisme) a été faite à la toute fin des années 60. L’existence d’atteinte secondaire à des pathologies systémiques (diabète, pathologie thyroïdienne, et pathologie cardiaque) est également identifiée. À la même époque, au Japon et en Chine, l’épaule gelée était connue sous le terme de l’épaule du sujet de cinquante ans (fifty years old shoulder).

Dans les années 80, les multiples nomenclatures utilisées pour décrire ce syndrome illustrent les incertitudes au niveau de l’étiologie et la physiopathologie. Certains auteurs considèrent alors que ce diagnostic est un diagnostic poubelle (waste-can diagnosis).

Au début des années 2000, le terme d’épaule rétractée (capsulite rétractile en France) est considéré comme le plus approprié, bien qu’il ne fasse pas état des symptômes de douleur, également associés. Le terme de frozen shoulder contracture syndrome (FSCS) ; littéralement : syndrome de rétraction de l’épaule gelée est utilisé dans les pays anglo-saxons.

Physiopathologie et étiologie

Le volume articulaire normal est compris de 15 à 35 cc. Dans les capsulites rétractiles, il est souvent réduit de 5 à 6 cc (fig. 1). Cet élément physiopathologique justifie le traitement par distension capsulaire, réalisé directement par les kinésithérapeutes, depuis le milieu des années 90, au Royaume-Uni.

Figure 1
Comparaison du volume articulaire entre une épaule normale à gauche
et une capsulite rétractile à droite

Si l’aspect inflammatoire est contesté, car l’histologie ne retrouve pas une augmentation significative des cellules inflammatoires, la prolifération des fibroblastes est avérée (c’est pour cette raison que certains auteurs français proposent le terme de « capsulose rétractile » au lieu de « capsulite rétractile ».)

D’autres travaux portant sur le ligament coraco-huméral confirme cette prolifération de fibroblastes et de myofibroblastes. Ces modifications histologiques et immunochimiques ont été également identifiées dans les zones lésionnelles chez les sujets atteints de la maladie de Dupuytren. Ce constat ouvre la voie du classement de la pathologie comme fibromatose.

Au total, différentes modifications histologiques et tissulaires ont été retrouvées :
– un épaississement et une fibrose de l’espace des rotateurs ;
– une oblitération et lésion cicatricielle du récessus du subscapulaire (zone entre le biceps et le subscapulaire) ;
– une néovascularisation ;
– une augmentation de la concentration en citokines ;
– une rétraction de la capsule antérieure et postérieure ;
– une rétraction et une fibrose du ligament coraco-huméral ;
– une réduction du volume articulaire ;
– une prolifération de fibroblastes et myofibroblastes ;
– une présence de protéines contractiles.

Les adhérences de la capsule au niveau de la tête humérales ne sont pas démontrées.

Chez les sujets développant une capsulite rétractile après chirurgie, une concentration élevée de substance est retrouvée dans le plasma. Cette substance est connue pour augmenter l’angiogenèse et l’hypercellularité dans les tendons. L’accumulation d’interleukines 1-alpha a également été démontrée dans la capsule et dans la bourse sous-acromiale.

BIBLIOGRAPHIE

[1] Lewis J. Frozen shoulder contracture syndrome: Aetiology, diagnosis and management. Man Ther 2015 Feb;20(1):2-9.

© www.shoulderorthopaedist.com.au/shoulder-conditions/frozen-shoulder/
© www.gponline.com/collaborative-management-frozen-shoulder/article/1147496


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