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Élections à la Carpimko :
De bonnes raisons de voter

Sophie Conrard
Kiné actualité n° 1449 - 02/06/2016

Vous êtes appelés à élire, dans les jours qui viennent, deux nouveaux représentants des masseurs-kinésithérapeutes au conseil d'administration de la Carpimko. Dans un contexte peu rassurant, votre régime de retraite faisant l'objet de beaucoup de convoitises, la FFMKR est décidée à tout mettre en oeuvre pour protéger vos acquis - et même plus ! Aperçu de son programme, enjeux du scrutin, Ka vous dit tout ce qu'il faut savoir pour voter en connaissance de cause.

Le renouvellement partiel du conseil d’administration de la Carpimko va se dérouler dans un contexte un peu particulier. “Les cotisations augmentent d’année en année, mais pas les prestations versées… Certains profiteraient-ils du système ?”, pensent les cotisants.

Une loi du 20 janvier 2014 a modifié en profondeur la gouvernance de l’organisation autonome d’assurance vieillesse des professions libérales. Concrètement, cela se traduit d’une part par la nomination de six représentants des organisations professionnelles au sein du conseil d’administration de la CNAVPL, et par un encadrement accru des dix sections de cette dernière par le biais de plusieurs modifications : la nomination du directeur de la CNAVPL à partir d’une liste établie par le ministère, un contrat pluriannuel entre l’état et la CNAVPL, définissant des objectifs qui seront ensuite déclinés pour chaque section, des statuts type auxquels les sections devront se conformer pour leurs propres statuts, un règlement élaboré par la CNAVPL pour l’exercice de leur action sociale.

Il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir de votre système de retraite ! C’est pourquoi les professions affiliées à la Carpimko (masseurs-kinésithérapeutes, infirmiers, podologues, orthophonistes, orthoptistes) ont adressé le 12 mai un courrier commun à la Direction de la Sécurité sociale (DSS) pour demander un rendez-vous en urgence.

Les paramédicaux ont le sentiment croissant de perdre le contrôle de leur caisse de retraite et s’inquiètent de “rumeurs en provenance notamment de la CNAVPL” qui annoncent “la mise en place d’un régime de base unique”, expliquent-ils dans leur courrier. Si cela devait se confirmer, “notre régime complémentaire aurait-il encore un avenir ?”, s’interrogent les organisations signataires, parmi lesquelles la FFKMR. Pas sûr : “Un rapport de la Cour des comptes daté de septembre 2013, qui préconisait une mutualisation des réserves des régimes complémentaires et l’unification de gestion sous-tendue par la COG (Convention d’objectifs et de gestion), associé à ces rumeurs autour d’un régime de base unique, nous font craindre la mutualisation de notre régime complémentaire et/ou la mise en place de mécanismes de compensation financière vers les régimes complémentaires d’autres professions libérales, en moins bonne santé démographique que les nôtres, mais avec des revenus plus importants et des niveaux de retraite bien supérieurs.” Déjà présente au conseil d’administration de la Carpimko, la FFMKR garantit qu’elle fera tout pour s’opposer à cette éventuelle mutualisation du régime complémentaire.

La FFMKR exige “plus de justice”
La Carpimko est le plus gros contributeur de fonds de la CNAVPL, grâce à son rapport démographique favorable : plus de trois cotisants pour un retraité. Ses affiliés sont ceux dont les revenus moyens sont les plus faibles (environ 42 000 € par an), mais la charge de compensation qui pèse sur eux ne cesse d’augmenter. Pour un masseur-kinésithérapeute, elle est passée en cinq ans de 1 500 €€ à 2 100 € par an ! La FFMKR “ne conteste pas la nécessaire solidarité du régime de base mais elle exige plus de justice. Rien ne justifie que les masseurs-kinésithérapeutes paient plus alors que, dans le même temps, les professionnels ayant des revenus annuels de 200 000 €, voire plus, ne participent pas à la solidarité”, argumente-t-elle. Dans son programme de campagne, elle insiste donc sur la nécessité de “réformer le mode de calcul de la compensation nationale”, de “corriger l’injustice faite aux masseurs-kinésithérapeutes” et de “mettre en place une plus grande équité de cotisations entre les revenus de toutes les professions libérales”. Elle propose par ailleurs de “déplafonner la deuxième tranche” et de “rétablir un butoir pour que la participation de la Carpimko à la CNAVPL ne continue pas d’augmenter de manière exponentielle”.

Si vous êtes retraité

Votez pour votre propre collège
C’est une nouveauté : les paramédicaux retraités vont devoir élire cette année deux représentants pour le Collège des retraités au sein du conseil d’administration de la Carpimko. La FNO, la FFMKR, l’Onseil, la FNI, la FNP et le SNAO se sont rassemblés pour présenter une liste commune.

Voici les noms des candidats :

Titulaires :

- Christian Guichardon (FFMKR)
- Marcel Lemoine

Suppléants :

- Nicole Tchernia
- Dominique Guillon

Leur programme vise essentiellement à “défendre les retraites, rester autonomes et en bonne santé”. Pour ce qui est du bien-vieillir, ils souhaitent mettre à profit le fonds d’action sociale pour des actions de prévention spécifiques à certaines pathologies et tranches d’âge, avec des ateliers en région.
Pour favoriser le maintien à domicile, ils appellent à la mise en place d’une aide financière dédiée. Ils veilleront à ce que leurs pensions ne soient pas surtaxées par de nouvelles mesures
fiscales, et surveilleront avec attention la politique de la CNAVL quant au régime de base. Enfin, ils seront attentifs à ce que la prestation ASV reste digne.

Besoin d’autonomie
Pour ce qui est du régime complémentaire, les paramédicaux ont la main puisqu’il est entièrement géré par la Carpimko. Et bien géré, puisque “des recettes ont été engrangées lorsque la FFMKR avait la présidence, ce qui permet d’assurer la pérennité de ce régime”. Aujourd’hui, il a un rendement de 11,07 % et des réserves suffisantes. Vu la faiblesse du régime de base, le régime complémentaire constitue une part essentielle de votre future retraite, aussi il est indispensable de le préserver et l’améliorer. Et cela commence par le maintien d’une gestion autonome de ce régime par les paramédicaux eux-mêmes, un aspect essentiel pour la FFMKR.

Les candidats de la FFMKR

4 visages à connaître
Titulaire

Fabrice Hennion
“J’ai 40 ans, je suis marié et père de deux enfants. J’ai eu mon diplôme à l’IFMK de Strasbourg en juin 2000 et je suis ostéopathe depuis 2009. J’ai créé mon cabinet à Colomiers en octobre 2003. Aujourd’hui, c’est un cabinet de groupe où nous sommes quatre.
Je viens de créer le comité de prévention de Haute-Garonne, dont je suis le président.
J’ai adhéré à la FFMKR en 2004 à cause de la concurrence injuste des salons de massage qui fleurissaient à l’époque et qui faisaient de la publicité à tout va... J’ai rapidement adhéré aux valeurs défendues par la FFMKR ! Président du syndicat départemental de 2009 à 2014, je suis conseiller fédéral depuis 2013 et secrétaire général chargé de la syndicalisation depuis 2015. Je suis par ailleurs vice-président de l’AMKO [1] depuis février 2016.
Kiné de l’équipe de rugby professionnelle de Auch de 2000 à 2002, j’ai un brevet fédéral d’éducateur d’école de rugby depuis 2015 et j’entraîne une équipe d’enfants de moins de 8 ans depuis quatre ans.
Je me porte candidat pour ces élections car je me préoccupe de mes revenus quand je serai à la retraite.
Mais plus encore, ayant perdu mes parents avant mes 25 ans et étant moi-même père de deux enfants, je souhaite les protéger en conservant le volet prévoyance qu’offre déjà la Carpimko et essayer de l’améliorer. Pour moi, la Carpimko, c’est aussi le volet prévoyance. Et là, tout le monde est concerné !”

Suppléant

Yann Chapotton
“Diplômé en 2001, j’ai ouvert mon cabinet de kinésithérapie en 2005 à Lyon, et d’ostéopathie en 2007. Très sportif à titre personnel, j’ai été amené assez naturellement à m’occuper de patients sportifs, amateurs et professionnels. Mais j’ai toujours tenu à rester un kiné généraliste, ou plutôt global. J’ai été élu président de l’AMKO [1] en février 2016. Je suis l’heureux papa de deux magnifiques petits garçons de deux ans et demi et quatorze mois.
Plus jeune (j’ai aujourd’hui 41 ans), après avoir dépassé le flou représenté par ce terme barbare de ‘Carpimko’, j’ai vite compris qu’il était essentiel que notre système actuel tienne bon, afin que les cotisations des masseurs-kinésithérapeutes ne soient pas perdues.
De plus, dans le système actuel, même si la FFMKR a très bien géré la situation depuis qu’elle est au conseil d’administration, il reste encore à régler des injustices attenantes aux cotisations des autres professions présentes avec nous au sein de la CNAVPL. Il est pour moi impensable, par exemple, qu’un assureur ou un expert-comptable paye moins qu’un kinésithérapeute !”

Titulaire

Maud Chatry
“J’ai 38 ans, je vis en couple et suis mère de deux petits garçons de 5 et 10 ans. Mon cabinet est établi à Sucy-en-Brie dans le Val-de-Marne (94). Diplômée depuis 17 ans, j’ai choisi de me spécialiser très tôt en pratiquant la kinésithérapie analytique Sohier, puis la méthode Mézières et les chaînes musculaires GDS. Je pratique des soins individuels et je diversifie mon activité en donnant des cours collectifs de stretching postural, afin de donner un maximum d’autonomie à mes patients et de mettre en avant la prévention !
Étant soucieuse de l’avenir de ma profession, je suis syndiquée depuis le début de mon activité car je pense qu’il est indispensable que nous participions nombreux à la défense de notre profession. Et je trouve normal que les femmes soient représentées dans les différentes structures professionnelles. Je me porte candidate pour défendre avant tout les conditions d’exercice des libérales.”

Suppléant

Marc Bouyssou
“J’ai obtenu mon diplôme en 1997 à l’IFMK de Nancy. J’exerce aujourd’hui à Seilhac, près de Tulle, en Corrèze, dans une maison de santé à capitaux privés. J’ai une patientèle généraliste, de milieu rural. Je me suis formé à la méthode McKenzie. J’interviens également dans un Ehpad.
À titre personnel, je suis marié et père de deux petits garçons de 3 et 5 ans. Lorsque j’ai le temps, je pratique avec plaisir le rugby, la plongée, et j’aime les voyages.
À titre professionnel, outre mon engagement au sein de la FFMKR (je suis conseiller fédéral depuis juin 2015), j’ai contribué à mettre sur pied le réseau pour les gardes respiratoires en Corrèze (KRB 19), je suis élu à l’Ordre départemental et j’interviens également dans un club de sport.
Pour ce qui est de la retraite, des échanges réguliers avec des confrères expérimentés m’ont conforté dans la conviction qu’il est primordial, aujourd’hui, de continuer et d’intensifier le travail de défense et d’évolution du fonctionnement de notre caisse de retraite. Et je crois que la jeunesse est un atout pour le conseil d’administration d’une caisse de retraite.”

[1] Association des masseurs-kinésithérapeutes ostéopathes.

Personne n’est à l’abri d’un accident de la vie
Toutes les caisses des professions libérales disposent d’un fonds d’action sociale. Celui de la Carpimko reste méconnu parmi les adhérents “et pourtant, il fonctionne”, insiste la FFMKR dans son programme. “C’est lui qui participe à l’aide à la dépendance par le financement de travaux pour améliorer l’habitat, ou le financement de personnel aidant.” Pour aller plus loin, cette commission “est ouverte aussi aux actifs et peut les épauler en cas de difficultés”.

La Carpimko gère en outre le régime de prévoyance-invalidité-décès des paramédicaux.

Là aussi, les attentes sont fortes : “Le délai de carence de 90 jours ne correspond plus à nos besoins. De nos jours, plus personne ne possède une trésorerie suffisante pour vivre pendant ces 90 jours. L’évolution de ce système est indispensable”, explique la FFMKR. Par ailleurs, “il est essentiel de reconnaître enfin aux masseurs-kinésithérapeutes ce qui est acquis pour l’ensemble des Français, avec un système plus solidaire et attentif, qui réponde mieux aux récentes évolutions de la société, avec par exemple une amélioration du mi-temps thérapeutique pour ceux qui auraient besoin de plus de temps pour revenir en activité pleine”, demande la Fédération.

“Les droits familiaux doivent être les mêmes pour tous”
En 2010, les paramédicaux avaient obtenu la majoration de la durée d’assurance de huit trimestres par enfant élevé. Mais “depuis et malgré nos demandes répétées, la majoration de 10 % du montant des pensions pour le père et la mère ayant élevé trois enfants ou plus, qui est servie dans les autres régimes de retraite, n’a toujours pas été accordée aux libéraux !”, s’agace la FFMKR. Lors de la Grande conférence de la santé, début février, Marisol Touraine a bien annoncé qu’en cas de maternité, une indemnisation supplémentaire (se cumulant avec les allocations forfaitaires déjà versées) serait mise en place mais uniquement pour les femmes médecins. Actuellement, un parent masseur-kinésithérapeute qui souhaite prendre un congé parental est obligé, pendant cette durée, de se radier de la Carpimko, ce qui entraîne une interruption de ses droits à la retraite. Choquant, non ?

La FFMKR exige donc “les mêmes droits que les autres femmes en cas de congé parental pour les femmes masseurs-kinésithérapeutes : la majoration de 10 % de pension pour les parents ayant élevé trois enfants ou plus et une simplification des démarches administratives en cas de congé parental afin de ne pas être obligé de se désinscrire de la Carpimko”.

La Fédération organise pendant la campagne des soirées d’information sur la retraite, dans toute la France. Pour connaître les prochaines dates, rendez-vous sur carpimko2016.ffmkr.org.

Pour voter

Mode d’emploi
Vous allez recevoir ces jours-ci le matériel de vote.
La procédure est simple : il vous suffit de renvoyer avant le 20 juin, cachet de la Poste faisant foi, votre carte de vote dans l’enveloppe T prévue à cet effet. Voici la marche à suivre :

Vous trouverez dans l’enveloppe qui va arriver chez vous une carte de vote détachable sur laquelle figurent :

- Au recto : un code-barres pré-imprimé représentant votre numéro de vote pour l’émargement. Il permet de s’assurer qu’il n’y a pas de “double vote”, mais rassurez-vous, il ne permet pas de connaître votre identité.
- Au verso : les listes en présence pour l’expression du vote.

Vous trouverez également une enveloppe T pré-affranchie pour expédier votre carton de vote, à l’adresse spécifique créée pour ces élections.

Cette enveloppe sera conservée par la Poste jusqu’au jour du dépouillement.

Vous trouverez enfin, dans le courrier que vous allez recevoir, les programmes des différentes listes.

Si vous n’avez pas reçu le matériel de vote, vous pouvez le demander au siège social de la carpimko avant le 10 juin.

Attention ! Pour assurer la validité de votre vote, il est indispensable d’observer les recommandations suivantes :

- Cochez la case correspondant à la liste de votre choix. Vous ne devez cocher qu’une seule case et ne porter aucune mention, ni aucun signe supplémentaire sur la carte de vote.
- La carte de vote ne doit pas être pliée, agrafée, froissée, perforée, raturée ou déchirée.
- Placez la carte de vote dans l’enveloppe T, à l’exclusion de tout autre document.
Fermez l’enveloppe.
- Ne rien inscrire au recto ni au verso de cette enveloppe, sous peine de nullité du vote.

Le dépouillement sera effectué en public le samedi 2 juillet à l’adresse suivante :
1 place Charles-de-Gaulle 78180 Montigny-le-Bretonneux, au premier étage.
Les opérations débuteront à partir de 8h15 et se dérouleront sans interruption, sous le contrôle de la commission des statuts, d’un huissier de justice et d’un expert informatique agréé près les tribunaux.
Les résultats seront proclamés publiquement par huissier de justice à l’issue des opérations de dépouillement et affichés immédiatement au siège social de la caisse.
Le scrutin peut être contesté devant le tribunal d’instance du siège de la caisse (Versailles, 78).

Pour le collège des retraités
Si vous êtes masseur-kinésithérapeute à la retraite, vous êtes appelé à voter pour élire vos représentants au collège des retraités au sein du conseil d’administration de la Carpimko.
La procédure est strictement la même que celle indiquée ci-dessus, mais le carton de vote est légèrement différent.

Calendrier

Date limite pour le scrutin :
20 juin 2016, cachet de la Poste faisant foi.
Scrutin : 21 juin
Dépouillement et proclamation des résultats :
2 juillet

© Kevin Smart/Istockphoto
© D.R.

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