Recommandation de bonne pratique pour les cervicalgies : quoi de neuf depuis 2003 ? (1ère partie)
Jacques Vaillant
Kinésithér Scient 2013,541:59 - 10/04/2013
Voilà 10 ans que les recommandations de bonne pratique sur le thème de la « Masso-kinésithérapie dans les cervicalgies communes et dans le cadre du « coup du lapin » ou « whiplash » sont parues [1]. Nous nous proposons de faire un tour d’horizon des recommandations parues depuis cette date au niveau international.
Une consultation de la Physiothérapie Evidence Database (www.pedro.org.au) avec pour mots clés « Neck and Pain » (et en sélectionnant la méthode « Practice guidelines ») permet de constater que 7 recommandations sont contemporaines ou postérieures à la recommandation de la l’Agence nationale d'accréditation et d’évaluation en Santé (ANAES, devenu Haute autorité de santé : HAS). Parmi ces 7 recommandations, l’une est centrée sur les pratiques de chiropractie — nous n’en rapporterons pas les conclusions ici — et une autre est focalisée sur le massage [2]. Nous nous proposons de faire une synthèse en quelques lignes de 5 de ces recommandations.
Les recommandations portant sur l’ensemble des techniques utilisables face à un patient souffrant du rachis cervical (tab. I) sont soit centrées sur une étiologie particulière, le coup de fouet cervical, soit restent généralistes ouvertes sur les différentes étiologies de cervicalgie.
Tableau I Recommandations et étayages scientifiques (A) de haut niveau, (B) de niveau moyen, (C) de niveau faible, et (Exp) pour un accord d'experts professionnel |
Concernant les thèmes abordés, 3 recommandations [3-5] évoquent un point non abordé dans la recommandation de l’ANAES : le diagnostic différentiel. L’importance de ce thème est justifiée par le fait que dans beaucoup de pays, l’accès au masseur-kinésithérapeute se fait sans nécessité de prescription médicale. Aussi, il est compréhensible que les recommandations doivent aider les praticiens à éliminer des causes de cervicalgies qui contre-indiqueraient la masso-kinésithérapie. C’est la recommandation australienne [3] qui est la plus précise sur ce point et qui donne les éléments clés à rechercher.
Bilan du patient
Les recommandations insistent sur l’importance d’évaluer les conséquences fonctionnelles de la douleur cervicale. 3 recommandations [4-6] proposent au kinésithérapeute d’utiliser systématiquement le « Neck disability index ». Cet index traduit en français présente pour avantage d’avoir un spectre large en regard des fonctions évaluées et de pouvoir être renseigné directement par le patient, libérant ainsi un temps précieux.
L’utilisation d’un indice algo-fonctionnel était déjà recommandée par l’ANAES. L’impact sur les activités sociales (travail, loisir, domicile…) est également intéressant à appréhender. De façon complémentaire, l’évaluation de la douleur à l’aide d’une échelle visuelle analogique est proposée [1, 4].
L’évaluation de la fonction articulaire et celle de fonction musculaire sont également proposées par 3 recommandations, en cohérence avec la recommandation de l’ANAES. Seule la recommandation de l’American physical therapy association (APTA) ne retient pas comme nécessaire l’évaluation de ces fonctions.
Suite dans notre prochain numéro
BIBLIOGRAPHIE [1] Martinez L, Bregeon F, Trudelle P et al. Masso-kinésithérapie dans les cervicalgies communes et dans le cadre du « coup du lapin » ou whiplash : argumentaire [Physiotherapy in common neck pain and whiplash], Agence Nationale d'Accréditation et d'Évaluation en Santé - Paris, 2003. |