Activités physiques, rééducation et santé mentale
Jean-Pierre Bleton
Kinésithér Scient 2013,0545:43-44 - 10/07/2013
La santé mentale est une partie essentielle de l’état de santé général. L’intérêt de l’activité physique (AP) pour améliorer la qualité de vie, l’humeur, les états dépressifs et l’anxiété est actuellement largement reconnu.
Cette influence positive de l’AP est naturellement retrouvée en santé mentale où, de plus en plus souvent, rééducation et AP sont associées aux traitements médicaux et psychologiques. Elle a montré son effet positif, quel que soit le degré de sévérité des pathologies psychiatriques, aussi bien dans les formes modérées de dépression où l’AP agit comme un élément antidépressif, que dans des pathologies particulièrement sévères où elle agit comme un adjuvant important du traitement.
Il est bien sûr évident que l’AP ne remplace pas le traitement médical et psychothérapique, mais participe au traitement, en particulier des comorbidités. Une comorbidité est l'apparition d'un autre trouble de n’importe quelle nature au cours de l’évolution de la pathologie initiale pour laquelle le malade est suivi.
Les comorbidités sont, pour les malades psychiatriques et, plus particulièrement schizophréniques, un facteur de diminution de l’espérance de vie. C’est en particulier le cas pour les comorbidités vasculaires et oncologiques.
Les comorbidités cardio-vasculaires
Les patients atteints d'une pathologie mentale sévère telle que la schizophrénie présentent un risque accru de morbidité et de mortalité par rapport à la population générale, avec une réduction de l’espérance de vie en rapport essentiellement avec des événements cardio-vasculaires comme l’infarctus du myocarde ou l’accident vasculaire cérébral.
Ce risque est accentué par le tabagisme chez ces malades, dont la consommation de tabac est largement plus élevée. Elle augmente non seulement le risque cardio-vasculaire mais aussi le risque oncologique. La lutte contre le tabagisme au sein de cette population est une priorité à laquelle l’AP participe.
L’évaluation de la tolérance à l’exercice peut être réalisée par des tests simples à mettre en œuvre comme le test de marche de 6 minutes (TM6). Le TM6 est un test validé, d’usage courant qui permet d’évaluer la marche sur un plan fonctionnel et donne des indications sur les capacités d’endurance du patient. Il constitue un élément pronostique fiable chez les patients atteints d’insuffisance cardiaque car il existe une bonne corrélation entre la distance de marche et le pic de VO2.
La prise de poids
La prise de poids lors d’un traitement psychotrope chez les patients souffrant de troubles psychiatriques est une comorbidité fréquemment observée. La difficulté d’équilibrer l’alimentation et le manque d’AP s’associent aux conséquences des effets des médicaments.
La prise de poids peut se manifester par une simple surcharge pondérale mais peut mener à une obésité sévère. La surveillance du poids des patients est calculée par des pesées régulières mais également par le calcul de l’indice de masse corporelle (IMC qui est exprimé en kg/m2 et obtenu en divisant le poids par le carré de la taille).
La prise de poids augmente le risque d’apparition de complications somatiques multiples : hypertension artérielle, insuffisance coronarienne, accident vasculaire cérébral, diabète, troubles respiratoires, troubles orthopédiques ou oncologiques), mais également celui de complications psychologiques et sociales.
Les conséquences de la prise de poids sont parfois si sévères ou si mal vécues qu’elles conduisent à un arrêt du traitement et font courir le risque de rechute de la pathologie psychiatrique.
La prise en charge de la prise de poids comporte des mesures associant la surveillance régulière et précoce du poids et de ses variations, et un bilan biologique régulier. La mise en place de mesures hygiéno-diététiques et la pratique d’AP peuvent être associées à un régime alimentaire.
Le suivi par des séances régulières de rééducation ou d’AP est un temps supplémentaire pour rappeler les consignes d’hygiène alimentaire, et un moment privilégié pour porter attention à son corps.
Les syndromes extra-pyramidaux des neuroleptiques
Les neuroleptiques peuvent être à l’origine de syndromes extra-pyramidaux : syndromes parkinsoniens, dyskinésies aiguës ou tardives, dystonies pour lesquels une rééducation spécifique de type rééducation de la maladie de Parkinson ou des dystonies primaires est utile.
Les différentes recommandations s’accordent pour confirmer l’intérêt d’une AP régulière de l’ordre de 3 à 5 fois par semaine avec un temps de pratique d’environ trois heures hebdomadaires, 25 minutes minimum par séance. Ce temps hebdomadaire comprend des exercices pratiqués sur un mode aérobie d’intensité modérée pour les 2/3 du temps et d’intensité plus soutenue le reste du temps.