Se former, s'informer, s'entourer...

Pensons cerveau !

Christophe Dauzac
Kinésithér Scient 2018,0597:01 - 10/04/2018

Nous mangeons tous cinq fruits et légumes par jour. Ou, tout du moins, nous savons qu’avec l’exercice physique, c’est bon pour la santé. Pourquoi le cerveau n’aurait-il pas droit à un slogan efficace à destination du grand public : « Mon cerveau, j’en prends soin » ? Inciter les populations à ne pas négliger celui qui gère et coordonne les fonctions internes du corps, les fonctions supérieures et qui, avec les cinq sens, nous permet d’être en relation avec l’extérieur et d’apprécier la vie, ne serait peut-être pas inutile.

C’était l’objet de la campagne nationale du Neurodon qui s’est déroulée du 19 au 25 mars et qui faisait suite à la Semaine du cerveau.

Récolter des fonds pour financer des projets de recherche visant à mieux comprendre les maladies dont le cerveau peut être atteint et développer des traitements de plus en plus précis et efficaces, c’est ce que soutient la Fédération pour la Recherche sur le Cerveau. La visée est thérapeutique et concerne toutes les pathologies neuropsychiatriques. La thématique des appels à projets de recherche 2018 le montre : « Plasticité et réparation : réparer le cerveau et la moelle épinière ».

Pourquoi la plasticité ? Comment le cerveau est agressé ? Comment réagit-il ? Comment favoriser sa réparation ? Ces questions de chercheurs illustrent ce que nous constatons tous : le cerveau a de surprenantes facultés d’adaptation, voire d’autoguérison, qu’il est bien sûr essentiel d’étudier.

La rééducation ne saurait être éloignée de cette réflexion. On sait maintenant que le cerveau ne fait pas que perdre des neurones au cours de la vie. Il en produit sans cesse de nouveaux, y compris jusqu’à un âge avancé. Ce renouvellement peut être favorisé par des activités physiques et intellectuelles. Les cellules souches que le cerveau génère pourraient être dans l’avenir renforcées par des cellules cultivées in vivo. Il ne reste pas passif face aux agressions de toutes sortes (accident, maladies, stress). C’est la capacité du cerveau mise en œuvre lors des apprentissages qui lui permet aussi de se réorganiser après lésion. Le kinésithérapeute contribue à certains processus.

Assister à des conférences, participer à des débats et rencontrer des chercheurs est un bon moyen pour « se remettre le cerveau en tête ». Le résultat d’un sondage effectué sur deux échantillons, des scientifiques et des personnes représentatives de la population française, montre que le niveau de préoccupation des Français est important. On apprend qu’ils ne savent pas bien ce qu’il faut faire au quotidien pour garder leur cerveau en bonne santé (62 %) et manquent d’information sur les risques liés au cerveau (59 %). Ils ont besoin d’être accompagnés dans leurs comportements et attendent qu’on leur dise ce qu’il faut faire plutôt que ce qui est mauvais.

Le sondage a démontré que si un grand nombre de facteurs de risque pour le cerveau sont identifiés, les Français associent davantage de facteurs de risque au cœur ou à d’autres organes vitaux. Les scientifiques, eux, sont 77 % à considérer que le manque d’activité physique est délétère pour le cerveau.

Les attentes d’informations sont diverses mais centrées principalement sur les effets de l’alimentation (30 %), du stress (26 %), des polluants (24 %) et le lien entre hygiène de vie et santé du cerveau (24 %).

Cette enquête met en lumière que les bonnes pratiques pour prendre soin de son cerveau doivent se répandre. Je vous invite à conseiller vos patients de consulter le site de la Fédération pour la Recherche sur le Cerveau (www.frcneurodon.org) qui, depuis près de 20 ans, soutient la recherche en neurosciences. Un module pédagogique invite les internautes à tester leurs connaissances sur les bonnes pratiques pour prendre soin de leur cerveau.

Comprendre le fonctionnement normal et pathologique du cerveau, pour dépister et prévenir l’apparition des dysfonctionnements et des maladies, c’est le rôle des chercheurs et de tout professionnel qui sait qu’apprendre davantage rend les actions plus efficientes.


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