L'assurance maladie lance officiellement Mon Espace Santé, sorte de carnet de santé numérique du patient, après une phase de test dans 3 départements. L'assurance maladie met le paquet pour promouvoir ce nouvel outil.

C'est aujourd'hui que démarre la généralisation de Mon Espace Santé, nouvelle version du dossier médical numérique. Il sera créé automatiquement par l'assurance maladie, pour chaque assuré, à moins que celui-ci s'y oppose. Il a vocation à rassembler toutes les informations et documents médicaux de chaque assuré.

Il comporte aussi une messagerie sécurisée, par le biais de laquelle les professionnels de santé peuvent échanger autour d'un patient, ou avec ce dernier (toujours à leur initiative). "Pour qu'une conversation ne devienne pas envahissante pour un professionnel, la Délégation ministérielle au numérique en santé (DNS) a prévu un bouton pour que celui-ci puisse clore la discussion", précise Laura Létourneau, déléguée ministérielle au numérique en santé.

Dans un deuxième temps seront ajoutés 2 autres briques à cet espace : un agenda personnel recensant tous les rendez-vous médicaux et dates d'examens de l'assuré, ainsi qu'un catalogue d'applications numériques de santé. Celles-ci sont en cours de sélection par la DNS. Elles permettront par exemple de prendre des mesures comme le poids, la taille, l’indice de masse corporelle (IMC), la température, la glycémie ou encore la pression artérielle.

Mon Espace Santé a été testé dans 3 départements pilotes, le nombre d'ouvertures de dossiers est important (3 309 640 profils ont été créés et environ 168 000 profils activés), ce qui peut laisser croire au même succès dans l'ensemble des départements.

Les 10 millions d'assurés qui avaient créé leur DMP (dossier médical partagé) retrouveront son contenu dans leur espace numérique de santé. Pour les autres, très peu d'informations seront visibles au départ : seuls les soins remboursés et leur parcours vaccinal.

La difficulté, c'est qu'il faut s'accrocher pour remplir son dossier médical personnel avec d'autres documents retraçant son parcours (ordonnances, comptes rendus, résultats d'examens, radios…) ou personnelles (allergies, traitements en cours, hospitalisations passées, antécédents familiaux, dernières volontés…) : même les plus motivés risquent de mettre plusieurs heures à rassembler les pièces de leur dossier et à les incrémenter dans leur espace. Qui sera assez motivé pour le faire ? Quelle proportion des assurés se laissera décourager ?

L'assurance maladie compte notamment sur les médecins traitants pour remplir le dossier de leurs patients en ALD. Quand ? Le soir après une journée bien remplie au cabinet ? Même si une rémunération est prévue pour eux, ça risque de leur prendre beaucoup de temps.

Calendrier

Les ouvertures automatiques d’espaces numériques en santé débuteront le 2 mars et se poursuivront jusqu’au 9 mai. 24 millions de courriers et 41 millions de mails seront envoyés aux usagers entre le 19 janvier et le 28 mars, avec notamment un code personnel nécessaire pour l'activation de Mon Espace Santé. Sauf s'ils s'y opposent, leur espace sera créé dans les 6 semaines qui suivent.

Pour se connecter sur le site Monespacesante.fr, il faudra se munir du code d'activation, de sa carte Vitale et utiliser un ordinateur doté d'une connexion Internet. À terme, Mon Espace Santé sera également accessible par le biais d'une application, mais celle-ci n'est attendue qu'au 2^e trimestre 2022.

L’assurance maladie a également prévu une campagne de communication grand public, avec des publicités dans la presse quotidienne régionale dès la mi-janvier, puis à la radio, à la télévision et dans la presse écrite à partir de mi-février. Il y aura des films thématiques sur les différentes fonctionnalités et un slogan : “Vous avez la main sur votre santé”. Une autre campagne ciblera les professionnels de santé au premier trimestre 2022.

Pour les professionnels de santé, la DNS affirme que ce sera simple d'utilisation : "Dès qu'un document ayant vocation à intégrer Mon Espace Santé se trouve dans le logiciel métier du soignant, il sera automatiquement intégré dans le dossier médical du patient", assure Laura Létourneau. Mais pour l'instant, seuls les logiciels des médecins sont prêts. Les autres professions devront attendre le deuxième semestre 2022 (si tout va bien).

Seuls les professionnels de santé seront autorisés à accéder au dossier numérique d'un patient. Pas les assureurs, par exemple. Sauf si le patient choisit d'en verrouiller l'accès à un de ses soignants, tous ceux qui s'occupent de lui pourront y accéder : médecin, infirmier, kinésithérapeutes… en ville comme à l'hôpital.

La plus grosse partie du chantier a été de rendre interopérables tous les logiciels métiers utilisés par les professionnels de santé libéraux et tous types d'établissements de santé. L'assurance maladie se donne 2 ans pour que tout soit parfaitement opérationnel.